Le système continental et la Suisse 1803-1813

— 169 —

manufactures suisses à Saint - Gall, Zurich, Neuchâtel, poussaient fiévreusement leur fabrication !. Leur ardeur était encore activée par la présence de spéculateurs allemands qu'avait attirés dans le pays la hausse générale sur les tissus de coton et qui venaient personnellement faire leurs achats d'avance !.

Les marchandises rejetées d'Italie, les restes d’une foire manquée à Francfort grossissaient encore le flot de cette production démesurée qui, dans l’automne de l’année 1808, se déversa sur le marché de Leipzig. Devant ce formidable afflux, les prix tombèrent subitement ; les spéculateurs allemands refusèrent de tenir leurs engagements; on vendit à moitié prix des articles de valeur; ce fut une débâcle complète ?.

A ces déboires s’ajouteront les conséquences de la guerre franco-autrichienne de 1809, qui viendra une fois de plus enrayer un mouvement d’affaires qui s’annonçait brillant.

Ce n’est guère qu'après la conclusion de la paix en 1809, que les Suisses pourront se dédommager. Pendant une trop. courte période, les guerres prennent fin, sauf dans la lointaine Espagne dont les troubles ne se répercutent que faiblement sur le continent. D’un coup la vie renaît sur les grands marchés allemands, le numéraire abonde ; la campagne acharnée de Napoléon contre les tissus de coton paraît vaine, jamais la mode des indiennes, des calicots et des mousselines ne s’est montrée plus solide. Les longues années de souffrances font paraître plus brillants ces quelques mois de prospérité éphémère.

A la foire de Pâques de 1810 à Francfort, dès les premiers jours, les Suisses ont vidé leurs étalages dont les mousselines, les cotonnades et surtout les indiennes ont disparu comme

1 Les articles fins de coton et les calicots avaient en 1808 subi une hausse extraordinaire. Dans les six premiers mois de 1809, le prix des cotonnades zuricoises monta de 20 %.

Gem. Schw. Nachr., 4er décembre 1809. 2 Allg. Ztq., 20 novembre 1808.