Le système continental et la Suisse 1803-1813

Situation éco-

nomique de la

Suisse à la veille

du décret Trianon.

de

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par enchantement. Sans attendre la clôture des affaires, ils rentrent chez eux, renouvellent leurs approvisionnements et repartent aussitôt pour Leipzig !.

Nouveaux succès. De mémoire d'homme, on n’a constaté pareille abondance de capitaux, une affluence d’acheteurs aussi extraordinaire, des prix aussi élevés ; tout est liquidé et payé comptant. La vente, surtout en tissus de luxe, prend de telles proportions que quelques maisons suisses font en toute hâte chercher du renfort ; d’autres, pour pouvoir satisfaire les commandes de leur clientèle indigène, refusent simplement de nouvelles offres?. Le grand spéculateur anglais Humphreys, un des maîtres du marché peu d’années avant, assiste les bras croisés à ce prodigieux mouvement d’affaires. La concurrence britannique semble anéantie. C’est ce magnifique élan que le décret de Trianon viendra brutalement arrêter.

Résumons à grands traits le tableau que présentent le commerce et l’industrie suisses à la fin de cette période. À première vue les apparences sont des plus satisfaisantes. À aucun moment, depuis que le protectorat français avait été imposé au pays, la fabrication des tissus de coton n'avait été aussi active et prospère. Les industriels auxquels leur crédit avaient permis de garder leurs marchandises quelque temps en magasin, réalisaient des bénéfices considérables. SaintGall, Zurich, Aarau assistaient à la naissance de grosses for-

1 Les Suisses avaient bénéficié à Francfort non seulement de la disparition des Anglais, mais aussi -de la ruine de l’industrie hollandaise, qui avait jusqu'alors joué sur cette place un rôle assez important. Parmi les maisons les plus favorisées en 1810 se trouvaient quelques fabriques de toiles peintes neuchâteloises, qui remportèrent d’étonnants succès.

Gem. Schw. Nachr., 27 avril 1810, Frankfurter Ostermesse.

? Les indiennes fines destinées aux vêtements féminins et à la garniture des meubles eurent un grand succès à cette foire. On spécula beaucoup sur cet article dont le correspondant de l’A//g. Ziqg. faisait une description détaillée.

Allg. Ztq., 95 juillet 1810, Leipziger Ostermesse.