Le système continental et la Suisse 1803-1813

en conclure que les importations du royaume d’ltalie en Suisse n'avaient pas souffert et d’autre part que l’annexion du Piémont n’avait enlevé aux cantons qu’une faible partie des matières premières nécessaires à l’industrie de la soie.

Seules les toiles de lin n’avaient retiré aucun avantage des quelques mois de prospérité qui avaient clos cette période. Comme toutes ses compagnes en Europe, cette industrie dépérissait misérablement, privée de ses débouchés maritimes notamment de l'Espagne, écrasée par la disproportion toujours plus grande entre les frais de production et le prix des tissus. Elle ne trouvait pas de compensation en Allemagne, où l’industrie saxonne se débattait également sans issue. En Suisse comme en Europe, elle n’avait rien à espérer d’une restauration des tissus de lin dans le peuple. Toutes les tentatives faites dans ce sens avaient échoué. Le coton conservait ses positions inébranlables. Pour comble de malheur, les tarifs allemands de 1807 avaient frappé les seules matières premières étrangères qui fussent encore accessibles : celles de Souabe !.

Ni la contrebande, ni les efforts tentés pour faire revivre la culture du lin et du chanvre en Suisse, ne réussissaient à parer à la rareté et au renchérissement de ces matières texiles. D’année en année, la situation des fileurs et des tisserands devenait plus inquiétante, leurs plaintes se faisaient plus douloureuses.

Sur bien des points, la crise avait passé sans amener des transformations profondes. Soit passivité, soit crainte du changement, l’ouvrier ne pouvait, malgré la diminution de son gain journalier, se résoudre à abandonner un travail toujours moins lucratif pour chercher de nouvelles occupations. ! Les tarifs bavaroïs de 1807 avaient frappé l'exportation des chanvres, lins et filés de lin de 6 gulden par quintal. Ce droit fut réduit en 1808 à 3 gulden; mais dans les conditions où se trouvait cette industrie, il restait

gênant.

Allg. Zitq., 7 déc. 1808.