Le système continental et la Suisse 1803-1813

— 1735 —

Dans d’autres régions par contre, le peuple avait compris la nécessité de transformer les conditions de sa vie économique, ce qui pouvait déjà sembler une certaine compensation à bien des misères. D’anciennes industries disparues, celle des laines par exemple, avaient refleuri dans plusieurs cantons ; d’autres plus récentes, comme celle des pailles tressées, avait donné du travail à un grand nombre de mains inoccupées. Enfin, des voix autorisées ne se lassaient pas de prêcher le retour à l’agriculture, qui seule devait assurer au pays une prospérité régulière et la garantir des crises à venir. Ces conseils avaient été suivis; on avait résolument rompu avec la routine et, malgré de nombreuses difficultés, on avait réalisé dans ce domaine de réels progrès.

Le coup d’œil que présente la Confédération à la fin de cette période témoigne du ressort et de l’entrain de sa population; ces qualités ne s’étaient jamais démenties, même daus les situations les plus critiques. Le court répit que Napoléon avait laissé à son alliée était écoulé. Le système continental, resserrant son étreinte, allait mettre à de plus rudes épreuves encore l’endurance et le courage du peuple suisse.

$ 8. — La crise finale (1810-1813).

La politique française n’avait déterminé ni en Angleterre ni en Suisse les effets qu’en espérait son auteur. L'industrie des cantons était vivante, et au retour d’absorbantes campagnes en Espagne et en Autriche, l'Empereur rencontrait partout les preuves de l’activité des rivaux auxquels il croyait avoir porté le coup de mort.

Ecraser la Suisse définitivement en même temps que la Grande-Bretagne, lui enlever ses derniers débouchés, plus encore, lui couper les matières premières encore à sa portée, tel est le dessein que Napoléon se propose aujourd’hui. Le tarif de Trianon sera son principal instrument dans cette lutte qu’il poursuivra avec acharnement et qu’en fait il pous-