Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Dans la propriété étrangère, les marchandises de provenance anglaise en particulier étaient très rares. Ce fait n’était pas propre à la Suisse orientale, mais se répétait dans tous les cantons. D’ailleurs, les rapports des douanes françaises attestaient bien l’absence de produits manufacturés britanniques dans la contrebande faite sur la ligne du Jura de 1807 à 1810, démonstration convaincante en faveur de la Suisse.

De même, l’enquête conduite en octobre par le gouvernement de Saint-Gall, canton-frontière, était assez caractéristique à cet égard. Les seules marchandises anglaises déposées dans cette région y étaient arrivées avant l’ordonnance de 1806 et ne pouvaient par conséquent être parvenues à leurs propriétaires d’une manière frauduleuse; les recherches faites dans les boutiques du champ de foire n’amenèrent aucune découverte ?.

D’une façon générale, la quantité de denrées coloniales trouvées dans le pays ne dépassait pas les besoins du moment. Si, sur un point ou sur un autre, il s’était produit un symptôme de circulation anormale on l’expliquait d’une façon parfaitement plausible par des circonstances locales ou accidentelles. Nous donnons ici quelques indications sur le résultat de ces enquêtes. Le lecteur trouvera plus loin, à titre d'exemple, le relevé des tabelles de deux cantons, Saint-Gall et Bâle3. Les premières ne présentaient de chiffres extraordinaires qu’à la rubrique des cotons, dont l'importation comparée à celle des années précédentes, avait doublé, Le gouvernement saint-gallois attribuait ce phénomène d’une part au fort transit de cette denrée à destination de la France, de l’autre au rapide développement des filatures mécaniques du canton.

Les tabelles de Zurich offraient la même particularité. Les

1 Arch. Genève, contrebande, 20 février 1810. ? Wartmann, p. 263, 1. 3 Voir pièces justificatives.