Le système continental et la Suisse 1803-1813

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premières ; les manufactures de tissus de coton arrêtaient leur travail. La misère des ouvriers augmentait à l’approche de lhiver dans d’effrayantes proportions; les faillites des maisons de commerce, que le séquestre obligeait à suspendre leurs affaires, se succédaient. Partout des plaintes retentissaient ; de nombreuses pétitions suppliaient le Landamman de prendre un parti.

Devant une situation sans issue, convaincu d’avoir tout fait pour satisfaire aux exigences impériales, Wattenwyl se décida, à la fin de novembre, à procéder de son chef à la levée du séquestre pour les marchandises de propriété suisse, dès qu’elles auraient acquitté la taxe extraordinaire. Le gouvernement français ne put rien trouver à redire à cette mesure. Par une circulaire datée du 27 novembre Wattenwyl donnait le signal attendu avec anxiété; il énumérait dans cette note les conditions auxquelles le séquestre devait être levé et la taxe perçue. Etaient imposées toutes les denrées entrées en Suisse à partir du 1* septembre 1810. On avait choisi cette date à partir de laquelle où, suivant l’appréciation de la France, l’afflux des marchandises coloniales d'Allemagne en Suisse devait avoir commencé. Les cotons du Levant seuls n’étaient taxés qu’à partir du 1*% octobre; il eut été inique en effet de frapper avec la même rigueur ce produit de première nécessité à l’industrie indigène et dont lintroduction autorisée en 1806 par la France avait eu lieu en toute légalité. Chaque canton ne devait percevoir les droits que sur les produits appartenant à ses propres ressortissants. Les biens des Suisses d’autres cantons devaient être rendus à leurs propriétaires et tarifés par leurs gouvernements respectifs.

Ces opérations furent nécessairement lentes et difficiles; les inconvénients qui, par suite du manque d’enteñte entre les gouvernements cantonaux avaient aggravé lé séquestre sur les denrées coloniales devaient de même entraver leur libération. :