Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Quant aux sollicitations réitérées adressées par le Landamman à la France, le gouvernement impérial ne daigna pas les honorer d’un seul mot de réponse; à la longue note du 20 novembre notamment, il n’avait opposé que le silence. Dans cette situation désespérée, Wattenwyl se décida le 14 décembre, non sans hésitation, à adresser à Napoléon un appel direct où il lui représentait dans les termes les plus humbles la détresse générale qui régnait en Suisse et sa situation personnelle vis-à-vis de son pays.

« L'industrie du peuple allié, disait ce message, dont toute l'existence se rattache à celle de la France, du peuple qui peut servir le commerce français et jamais lui nuire, serait-elle donc un objet de haine? Voudra-t-on la proscrire comme ennemie, l’anéantir et réduire vingt mille familles suisses à la mendicité ? Non, Sire, nous ne saurions le croire. Cependant les rigueurs qu’on exerce produiront infailliblement ce résultat, et si votre Majesté ajourne une décision favorable le désespoir va s'emparer de nos cantons, jadis si tranquilles, grâce à vous, Sire, et toujours fidèles et dévoués à votre Majesté.

» Déjà on soupçonne le Landamman de n’avoir point soutenu avec assez de force la cause de son pays. On lui reproche de n’avoir pas convoqué la Diète…... Ma position est infiniment pénible. Daignez, Sire, écouter notre cri de détresse et vous rendre à nos supplications. La Suisse réclame les effets de votre bonté impériale; elle n’en eut jamais un plus pressant besoin 1... »

Cette suprême démarche ne devait pas rester inutile; Wattenwyl eut encore la joie de la voir couronnée de succès alers qu’il était encore en charge. Le Médiateur, à hout d’arguments pour justifier sa politique, voulait bien se laisser toucher. Le 24 décembre, un courrier spécial apportait à Berne un avis du ministre des affaires étrangères, 2ermet-

! Le Landamman de Wattenwyl à l'Empereur Napoléon, 14 décembre 1810.