Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Wattenwyl en revint tout d’abord à cette combinaison. Elle détournait bien de leur destination primitive la majorité des marchandises séquestrées, mais était infiniment préférable à la confiscation que le gouvernement français avait exigée le 11 novembre. Le Landamman rappela cette proposition concillante au souvenir de l'Empereur et il demanda l’autorisation de l’appliquer dans un délai de deux à trois mois aux produits étrangers entrés en Suisse après le 5 août. Il renouvela ses instances le 4 décembre encore; mais l'Empereur se déroba encore une fois. Wattenwyl dut laisser à son successeur pour 1811, Grimm de Wartenfels, le soin de résoudre l’affaire.

Le gouvernement français n’avait encore donné aucun signe de vie, lorsqu’en février 1811 arriva à Berne une note badoise. Les autorités grand-ducales s’y déclaraient prêtes à lever le séquestre sur les denrées suisses retenues sur leur territoire sous condition de réciprocité. Les autres Etats de la Confédération du Rhin se disposaient à agir dans le même sens. Une attente prolongée pouvait, dans ces circonstances, être des plus nuisibles aux intérêts suisses en Allemagne.

Devant le silence obstiné du gouvernement français et considérant l’autorisation de l'Empereur au rétablissement du transit en Allemagne comme un verdict de satisfaction à l’égard de la Suisse, le Landamman se décida, non sans hésitation, à lever le séquestre sur les marchandises badoises (19 février 1811). Leurs propriétaires pouvaient désormais les retirer ou, moyennant paiement de la taxe, les laisser en Suisse !,

Grimm ne manquait pas d'informer la légation française o

transit des cotons du Levant. Ces deux promesses, comme on voit, furent vite oubliées. « Comms,je veux être favorable à la Suisse, écrivait-il, j’admettrai en principe que toutes les denrées coloniales qui se trouvent en Suisse séquestrées et appartenant à des étrangers soient susceptibles d’entrer en France ou dans mon reyaume d'Italie. »

Corresp. Napoléon à Champaguy, 17 octobre 1810.

1 Recès 1811, Appendice G.