Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 114

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102 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

poète, Gabriel Legouvé, qui ne tarda pas à devenir célèbre. D’après l’auteur lui-même, sa pièce n'était qu’une adaptation, à la scène, du fameux poème de Gessner, portant le même titre. Elle fut publiée avec cette épigraphe : Primi parentes, prima mors, primus luctus, et une dédicace dont voici le début :

À Ma MÈRE. O vous, de qui ma vie est le moindre bienfait, Recevez cet essai d’un talent faible encore, Qu'aux fêtes du théâtre honore L'indulgente faveur du public satisfait. Cette carrière illustre où j'obtiens mon suffrage, Votre main jadis me l’ouvrit, etc.

La comparaison qui s’établissait entre la nature des pièces jouées sur chacun des deux théâtres n'était assurément pas favorable aux Comédiens-Français, contre lesquels se déchaïnaient de violentes hostilités ; aussi, sentant leur popularité très ébranlée, crurentils, pour la consolider, devoir prendre la décision suivante, le 2 mai 1792 : ils votèrent le versement d’une somme de quinze cents livres sur l'autel de la patrie, et prirent l'engagement de verser annuellement pareille somme pendant la durée de la guerre. La communication de cette décision donna lieu à une délibération de l’Assemblée nationale, le lendemain 3 mai, décernant une mention honorable aux comédiens du Théâtre-Français, par suite de cette Libéralité patriotique. Un fait remarquable à signaler, en cette même année 1792, c’est la suppression, pour la première fois, de la clôture des théâtres, qui, de tradition fort ancienne, avait lieu à l’époque de Pâques, tombant, cette année-là, le 8 avril.

Les comédiens, ayant cru devoir consulter sur cette grave question la Commune de Paris, provoquèrent