Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 153
LA TERREUR 141
« Ainsi, l’ancienne police vient de ressusciter sous l'écharpe municipale.
« Comment se justifiera-t-elle, cette Commune, d’oser regarder ét de faire courir les comédiens comme ses valeis? de les avoir manilés. il Y à quatre jours, pour les tancer de ce qu’ils venaient de représenter le Cid ? (parce que dans ce chef-d'œuvre il y a un rôle de roï,) tandis qu’elle tolère sur d’autres théâtres (1) Le Cid et l’Orphelin de la Chine ?
« A-t elle donc oublié encore que les despotes de Versailles voyaient chaque jour représenter et Brutus, et la Mort de Césur, et Guillaume Tell ?
«Oh! sans doute il est temps de s’élever contre ces modernes gentiliommes de la chambre! Où en sommes-1ous donc, citoyens, si celui qui prêche l’obéissance aux lois est condtunnable ?
« S'il en est ainsi, couvrez-vous de cendres, ô vous, à qui il reste quelques portions d’âme et d'humanité, et courez vous ensevelir dans les déserts !
« Non, je n’ai point fait, comme on ose le dire, de mon art qui doit être l'école du civisne et des mœurs, la satire des individus.
« De traits épars dans la Révolution, j'ai composé les formes de mes personnages ; je n'ai point vu tel ou tel, j'ai vu les hommes,
« Etranger à l'intrigue, étranger aux factions, je vis avec mon cœur seulement et mes amis ; je ne connais point, je n'ai jamais vu ce citoyen que des échos d'imposture ont déjà proclamé le rémunérateur de mon civisme (2); que celui qui a acheté ma plume se présente, qu'il parle, s’il ose!
« Elle ne sera Jamais vendue cette plume, qu'au saint amour des lois et de la liberté!
(1) Allusion au théâtre de la rue Richelieu. (2) Les Jacobins disaient que Roland, ministre de l'Intérieur, avait payé l’Ami des Lois.