Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 313

En conséquence, dans une lettre adressée, le 8 floréal an V (27 avril 1797), au citoyen ministre de l’intérieur, ils signalèrent que « les honneurs de la sépulture avaient été refusés autrefois à la célèbre Adrienne Lecouvreur, sous l'empire de préjugés honteux ; ils demandèrent par suite à rechercher ce qui restait d’une femme célèbre, à rendre sa dépouille mortelle aux lieux désignés par la loi pour Le dernier asile des citoyens français, et à couvrir ses cendres, trop longtemps avilies, d’une pierre désignant, au moins à l’ami des arts, que là reposait une artiste qui avait fait les délices de son siècle » (1).

Cette pétition était signée : A Baptiste aîné, François Talma, A. Michot, Gourgaud, Dugazon, Vestris, de Rozières, Grandménil, Vanhove, Ch. Baptiste, Gaillard (2).

La demande fut accueillie avec félicitations aux artistes, le 25 mai, par le ministre, qui invita les membres du bureau central à seconder l'exécution d’un projet « ayant pour but de rendre hommage à la mémoire d'une femme qui fit la gloire de la scène française »,

Quelques jours plus tard, advint un événement qui eut un très grand retentissement dans le monde du théâtre. Molé, le doyen du Théâtre-Français, abandonna ses camarades de la salle Feydeau pour aller se joindre à la troupe du théâtre Louvois. Toutefois, il ne put y faire qu’un très court séjour, car voici ce qui se produisit :

(1) Morte subitement en 1730, la pauvre Adrienne Lecouvreur, comme Molière, fut transportée clandestinement en un endroit désert, sur les bords de la Seine, et là, sous l'œil impassible d’un officier de police, on la jeta dans un trou creusé a la hâte. On ne lui accorda l’aumône ni d'un cercueil, ni d'une croix, ni d’une prière.

Voir Lettres d'Adrienne Lecouvreur, préface par Georges Monval, 1892,

(2) Archives nationales.

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