Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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On trouve dans cette pièce un nouvel hommage à cette sensibilité qui déborde dans toutes les œuvres littéraires : L’ami des lois, Dolmont, s'adressant à un jeune homme, lui dit : « Qui vous force à rester ce« libataire? C’est un état qui contraint la nature et « répugne à l’homme sensible! »

Devenu libre par la fermeture du théâtre Louvois, le transfuge Molé alla retrouver ses anciens camarades au théâtre Feydeau.

A sa rentrée, le 26 frimaire an VII, le public lui fit un chaleureux accueil. De son côté, expulsée du théâtre Louvois, M'e Raucourt ne se tint pas pour battue, car, à la suite de plusieurs tentatives infructueuses, elle finit par trouver un refuge dans l’ancienne salle du Théâtre-Français, au faubourg SaintGermain, laquelle, après avoir été transformée en théâtre de l’Egalité, avait pris le titre d’Odéonet servait alors de salle de concert.

Pour former sa nouvelle troupe, M! Raucourt entraînait avec elle Saint-Prix, Saint-Fal, Naudet, Vanhove, Florent, Picard, M'°° Simon, Fleury, Molière et quelques autres. Un peu plus tard, M'° Joly, qu'une maladie avait éloignée de la scène pendant un certain temps, allait rejoindre ses camarades et jouait successivement Dorine de Tartufe, Lisette du Dissipateur, etc.

C'était là une désertion fâcheuse pour le théâtre de la République, dont les affaires peu prospères, depuis un certain temps déjà, ne purent supporter ce coup fatal, qui amena la clôture du théâtre. Toute une pléiade d'artistes de talent, Talma à leur tête, se trouva ainsi sans emploi.

Mais Sageret, directeur du théâtre Feydeau, dont l’activité et l'esprit d'initiative sont restés légendaires, entreprit d'amener une fusion, un rapprochement entre ces artistes et ceux de son théâtre.