Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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318 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

On comptait alors jusqu'à six cent irente-quatre bals publics, au milieu desquels brillait le fameux bal de Calypso et où figurait également le bal des victimes, réunion de tous ceux qui avaient eu quel ques-uns des leurs guillotinés ; la règle était de s’y aborder: en se saluant à la victime, avec un mouvement de tête imitant celui du condamné engageant son cou dans la lunette (1).

Indépendamment des spectacles, les concerts fort nombreux se distinguaient: ceux où l’on soupait, comme chez Cispadan (2), et les concerts aristocratiques, comme ceux qui ayaient lieu dans les appartements de la ci-devant duchesse d'Orléans, au Palais-Égalité, — l’ancien Palais-Royal.

Les représentations théâtrales commençaient à 5 h. 1/2, pour se terminer au plus tard à 10 heures, à peu près à l’heure où bien des gens font aujourd’hui leur entrée au théâtre.

Une indication précise à ce Sujet est fournie par un rapport de police spécial aux théâtres, à la datedu 10 floréal an IV (9 mai 1796) ; il porte ceci :

« On se plaint de voir les théâtres finir trop tard;

« Celui de la rue Favart finit toujours à dix heures « passées. Il serait essentiel pour le bon ordre d’or« donnér aux artistes de ce théâtre de ne pas s’écarter « de la règle ordinaire, et de finir au moins à neuf « heures et demie (3). »

Sous la royauté, on déjeunait à neuf heures, on dinait à midi et on soupait à dix heures du soir.

À cette époque, tous les spectacles ayant lieu à quatre heures ne dérangeaient en rien le dernier repas de la journée, à dix. heures. Mais successivement

(1) Le Censeur dramatique. (2) Semaines critiques, vol. I. (3) Archives nationales.