Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 319

les exigences de la vie parlementaire firent reculer l'heure des spectacles à cinq heures, à cinq heures et demie, puis à six heures. On déjeunait à midi, on dinait à cinq heures. Le bureau central, qui avait fixé l'heure des spectacles, adressait, en 1798, un avertissement aux théâtres « qui commencçaient seu« lement à sept heures moins un quart au lieu de « six heures (1) ».

Tous les théâtres, restaurés luxueusement, offrent un coup d’œil splendide. A l’Odéon, la devise Égalité, inscrite sur son fronton, rappelle le titre sous lequel la réouverture du théâtre de la Nation et l’inauguration du théâtre de l’Egalité avaient eu lieu le 10 messidor an Il.

L'intérieur a reçu une application consciencieuse de cette devise, car on a supprimé les places de distinction, les loges et balcons destinés à l’aristocratie; ils sont remplacés par une galerie circulaire, et les loges d’avant-scène, supprimées, servent de niches pour les statues de la Liberté et de l'Egalité. Au-dessus du public est une coupole tricolore, et, sur les colonnes des troisièmes, se dressent les bustes des amis et martyrs de la liberté.

Cependant, le directeur Dorfeuille n’accepta pas avec satisfaction cette suppression des loges, qui causait une diminution sensible dans les recettes, car il ne tarda pas à les faire rétablir.

Au plafond, brille un beau lustre à quarante-huit lampes à la Quinquet, entouré de douze autres lustres à cristaux. C'était un luxe inusité, toui nouveau ; on sait, en effet, que la majeure partie de l'éclairage se faisait encore avec des chandelles, à tel point qu’à un moment l'Opéra avait augmenté d’un tiers le prix des places, par ce seul motif que la chandelle avait

(1) Courrier des spectacles, du 13 mars 1798,