Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE

«On agiote pour vivre, et l’on vit pour agioter )e »

À dix heures, à la fin du spectacle, le femeux glacier de la rue de la Loi, Garchy, recoit tout le Paris élégant qui se presse dans son établissement, meublé et décoré dans le style étrusque (2).

Les représentants de l’ancienne société, au milieu de l'assemblage disparate de ces parvenus enrichis, à la morgue souvent grotesque, étaient, on le comprend, très portés à en rire, et le gros du public éprouvait la même impression.

Aussi, ce fut pour le théâtre une veine féconde à exploiter, et qu'il exploita effectivement avec grand succès pendant plusieurs années consécutives.

Aïnsi, Armand Charlemagne, que nous avons signalé comme auteur du Souper des Jacobins, donnait au théâtre de la République, seulement quelques mois après, une autre comédie intitulée L’Agioteur, dont la première représentation eut lieu le 20 octobre 1795.

C’est une peinture satirique, pittoresque et vivement colorée de l’agiotage effréné, de ces trafics fiévreux, éhontés, qui opéraient sur toutes choses sans distinction, et des résultats bizarres produits par ces fortunes si rapidement acquises et par de si étranges moyens (3). En voici un spécimen :

L'État est en danger, on joue à sa ruine, On spécule sur tout, jusque sur la famine, On voit se déborder un peuple de vendeurs, On voit courir après un peu ple d'acheteurs.

EN RE PQ =. à

(1) Paris, novembre 1795.

(2) Rapsodies, 4° trimestre.

(3) « L’agiotage partout déchaîné, l’immensité des dépenses extraordinaires, le scandale des fortunes subites des plus audacieux déclamateurs contrastaient avec la détresse générale. »

(Guy-Jean-Baptiste Tar GET.)