Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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geret, les artistes restés disponibles par la fermeture du théâtre de la République étaient venus se joindre à leurs camarades d'autrefois, jouant alors au théâtre Feydeau, et avaient fusionné.

Une nouvelle pièce donnée à ce théâtre, par l’auteur de l’Ami des Lois, Laya, intitulée Falkland, drame en cinq actes, y fut jouée, le 6 prairial'an VI (25 mai 1798). Elle présenta, pour la première fois, la réunion des artistes des deux Sociétés confondues ; on y voyait notamment : Molé, Talma, Monvel, M'e Mézeray. Molé jouait Falkland, Talma Caleb et Monvel Andrews. Peu s’en fallut, toutefois, que la pièce ne fût interdite par la censure, qui, dans son rapport, s’exprimait ainsi, à la date du 7 germinal an VI (14 avril 1798) :

« N’est-il pas impolitique de montrer, pendant cinq « actes, la vengeance céleste suspendue sur la tête « d’un assassin, tant d’ennemis de la Révolution ne « voyant que des assassins dans les fondateurs de la « République...? »

Mais, plus intelligent que le censeur, le ministre, sans avoir égard au rapport, autorisa la représentation. Cette pièce n’eut pas de succès et ne resta que peu de temps à la scène (1).

Cependant, la situation du théâtre Feydeau présentait, à ce moment, une complication dont les conséquences onéreuses n'avaient peut-être pas été suffisammentprévues et calculées par le directeur Sageret.

(1) Un journaliste connu avait exprimé son opinion sur cet ouvrage avec sévérité, peut-être même avec un peu d’aigreur : le jour même où parut l’article, il est rencontré par Laya, qui, sans autre préambule, l’expose à avoir la plus vigoureuse fluxion qui fut jamais. Avec un flegme admirable, le patient journaliste répondit à cette incartade, en disant ainsi son fait à l’auteur : « C'est fort bien, Monsieur Laya! c’est joli! belle

.conduite pour un homme de lettres! »

(Histoire du Théâtre-Français, Etienne et Martainville.)