Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 341

En effet, il se trouvait avoir, tout à la fois, une troupe d’opéra-comique, et deux troupes de comédie qui, par conséquent, ne pouvaient jouer que tous Les deux jours. Avec des artistes payés proportionnellement à leur talent, les charges devenaient fort lourdes, excessives même.

Dans le but d’arriver à rendre les représentations quotidiennes, il s’avisa de louer l’ancienne salle du théâtre de la République, devenue vacante par suite de sa fermeture, et de l’exploiter concurremment avec le théâtre Feydeau.

Des ouvriers furent aussitôt employés jour et nuit à en modifier la forme et les dispositions intérieures.

À la suite de cette transformation, opérée par les soins du citoyen Moreau, architecte, la réouverture de la salle de l’ancien théâtre de la République put avoir lieu, dès le 19 frucdidor an VI (5 septembre 1798), devant une affluence énorme de spectateurs, avec le Misanthrope et le Legs, de Marivaux.

L’orchestre attaqua l'air : Où peut-on étre mieux qu’au sein de sa famille? devenu si populaire depuis la première représentation, en janvier 1769, de l’opéra de Lucile, par Grétry et Marmontel ; et de fait, les comédiens s’y trouvèrent si bien, qu'ils y sont encore actuellement.

Après la fermeture, par ordre, du théâtre Louvois, la fraction des Comédiens-Français qui en composait la troupe avait, on s’en souvient, passé l’eau, pour s'installer, sous la direction de M!° Raucourt, dans la salle de l’Odéon et y tenter fortune.

Au début, l'attrait de la nouveauté leur attira un public suffisant, mais, peu à peu, le vide se fit dans cette vaste salle, ainsi que cela s’est trop souvent produit au cours des diverses directions qui s’y sont succédées depuis.

On vit les artistes, assez mal rétribués, se disperser