Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 343

À sa mort, parmi de nombreuses pièces de vers exprimant les regrets des admirateurs de son talent, on peut citer ce distique de Lebrun, gravé sur son tombeau :

Eteinte dans sa fleur, cette actrice accomplie, Pour la première fois a fait pleurer Thalie.

Son mari, qui l’adorait, lui fit édifier dans sa propriété, à proximité de Falaise, au sommet d’un roc très pittoresque dit la Brèche-au-diable, dominant un précipice où roule un torrent, un tombeau artistique et monumental contenant sa statue de grandeur naturelle. C’est une curiosité, très visitée, de cette partie de la Normandie (1).

La perte sensible, irréparable, de Marie Joly fut le signal d’un désastre complet, et entraîna la clôture du théâtre, à la date du 1° juin 1798.

Cette clôture se produisit; après cinq mois d’exercice, par une représentation de l'Œdipe, de Voltaire, donnée au bénéfice de M'° Raucourt, et à laquelle concourut Larive, absent de Paris depuis la fermeture du théâtre Louvois.

Toujours actif, infatigable, sans cesse à l’affût de combinaisons nouvelles et d'entreprises géminées, Sageret résolut de louer cette salle de l’'Odéon, qui venait de se fermer, et de renforcer, par de nouveaux engagements, sa troupe du théâtre de la République, de manière à lui faire desservir à la fois les deux théâtres et de créer ainsi, en quelque sorte, un Théâtre-Français en partie double.

La combinaison de Sageret lui permettait, avec

() Pour plus amples détails, voir: Marie Joly, sociétaire de la Comédie-Française, 1761-1798, avec portrait et héliogravures, par Henry Lumière. Paris, 1891, chez Tresse et Stock, éditeurs.