Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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une seule troupe bien complète, de la diviser chaque soir, et d’encaisser ainsi deux recettes.

Voyant là un nouveau débouché pour leurs productions, les auteurs dramatiques se montrèrent très favorables à cette innovation et la patronnèrent chaudement. La première pièce jouée au théâtre de la République, à la suite de cette organisation, le 25 vendémiaire an VII (16 octobre 1798), fut une tragédie d’Arnault, en cinq actes, ayant pour titre : Blanche et Monicassin ou les Vénitiens.

De même que pour sa tragédie d'Oscar, fils d'Ossian, l'auteur eut l’idée de la dédier, non plus « au général Buonaparte, » mais bien « à Buonaparte, membre de l’Institut » (1).

« Voici, dit-il, le nouvel enfant de mon cœur. Ami des arts, c’est à vous que je l'offre; membre de la première Société savante et littéraire de l’Europe, n’en faites-vous pas votre plus beau titre? »

Alors, évoquant le souvenir des soirées littéraires pleines de charme, passées ensemble, « pendant le court intervalle qui sépara les victoires de l'Italie et de la conquête d'Egypte, » il lui rappelait les lectures des œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, de Paul et Virginie, etc., et des vers de Ducis. « Rappelez vous ces doux moments ! » ajoutait-il.

Puis il continuait :

« Il me fallut descendre aussi dans l’arène. J'y parus avec cette Blanche que j'ai rapportée d'Italie.

(1) C'était l'orthographe encore adoptée à cette époque, et les traités de Turin, de Leoben, et de Campo-Formio portaient la signature Buonaparte. — Cependant, antérieurement, dès le 27 mars 1796, à son arrivée à Nice, pour prendre le commandement de l’armée des Alpes, à la place de Schérer, le général avait commencé, pour la première fois, à franciser son nom en Bonaparte.