Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 345

« Blanche séduisit ses juges, ses larmes firent couler les leurs. Vous pleurâtes vous-même!

« Cependant, une catastrophe terrible ne terminait pas le cinquième acte. |

« Mon héroïne au désespoir offrait à Capello, pour prix du salut de son amant, une main que ce héros avait le courage de refuser, en sauvant son rival.

« Je regrette mes larmes, me dites-vous. Ma douleur n’est qu’une émotion passagère dont j'ai presque perdu le souvenir, à l’aspect des deux amants. Si leur malheur eût été irréparable, la profonde émotion qu'il eût excitée m'aurait poursuivi jusque dans mon lit. Il faut que le héros meure ».

« Je le sentis aussi... Votre génie échauffait le MIE. »

Et l’auteur, pensant ne pouvoir résister au désir impératif du guerrier qui exerçait déjà, partout, un pouvoir dominateur, sacrifia Montcassin, car, suivant lui « un conseil de Buonaparte devait produire une victoire ».

Le dénoûment fut donc ainsi modifié :

Blanche, se jetant sur le corps de son amant condamné et étranglé, séance tenante, par ordre du Conseil des Trois, s’écrie :

Montcassin! Montcassin!

CONTARINI: Ma fille!

CAPELLO. Malheureux, Tu n’en as plus!..… Approche, et vois-les tous les deux Semblables à la tombe insensible, immobile; Qui contre tes fureurs valeur servir d'asile.

cAPELLO (un des juges du Conseil). C'est peu que d'abdiquer mon sanglant ministère, Je cours de tant d’horreurs dénoncer le mystère,

js