Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

366 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

On voit l’école romantique conduire ses bataillons à l’assaut de la tragédie et à la destruction du vieux moule des trois unités, tombé dans le domaine des archaïques et fastidieuses banalités.

Ce vers cent fois répété :

Qui nous délivrera des Grecs et des Romains?

et cet autre, emprunté à Berchoux, l’auteur de La Gastronomie :

Race d’Agamemnon qui ne finit jamais!

forment un des cris de guerre de l’armée romantique, apportant, avec elle, ces formes historiques ressuscitées : la ballade, le romancero et l’épopée qui s’implantent, de nouveau, dans le drame moderne.

A sa tête, et donnant le signal, c’est notre grand poète Victor Hugo, l’auteur dramatique le plus contesté, le plus discuté, et, disons le mot, hélas! peutêtre le plus sifflé qui fut jamais, puisque; de tout son théâtre, une seule pièce, Angelo, a passé sans encombre, et trouvé grâce devant les protestations bruyantes et acharnées de la cabale.

La première représentation d'Hernani, le 25 février 1830, marque une date mémorable dans les fastes du Théâtre-Français.

Aussi, a-t-on célébré, il y a quelques années, le cinquantenaire de cette légendaire soirée, qualifiée : « Bataille d'Hernani, Austerlitz de l'art moderne. »

C’est au milieu d’une immense ovation que fut poétiquement chantée par l’auteur sympathique du Passant et de Severo Torelli, et passionnément déclamée par la plus brillante personnalité dramatique de notre époque, cette lutte véritablement épique, où se déchaînèrent des haines vibrantes et des enthousiasmes superbes.