Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 365

Notre tâche, circonscrite dans la période révolutionnaire, se trouve, en effet, terminée, et doit s’arrêter à.la fin du xvmr siècle, au seuil de l'ère nouvelle ouverte par le Consulat.

Si l’on recherche la physionomie spéciale, le caractère dominant et inconnu, jusque-là, des représentations que nous venons de parcourir, on est frappé, tout d’abord, par les divisions intestines de la Comédie-Française, nées du choc et de la divergence d'opinions, qui vont s’accentuant jusqu'à la scission de la Société et redoublent encore d'intensité sous l'influence fiévreuse de la Terreur.

Ensuite, se produit la violente invasion des passions, des luttes politiques du dehors, pénétrant jusque dans l'enceinte même du théâtre.

Quel contraste saisissant, en effet, entre les représentations de la monarchie, empreintes d’un cérémonial rigoureux, et ces soirées de désordre, ces agitations tumultueuses, dégénérant en rixes et en voies de fait entre les spectateurs divisés, surexcités à l’excès, jusqu’à violer, à envahir la scène où régnaient naguères, paisiblesset dignes, Corneille, Racine et Molière !

Pour retrouver un écho, affaibli, il est vrai, de ces agitations, mais qui a retenti, néanmoins dans l’histoire du Théâtre-Français, il faut se reporter aux luttes qui signalèrent l’année 1850.

Si l’aspect en est à peu près le même, le mobile déterminant est bien différent.

Ce n’est plus, en effet, l’effervescence des passions politiques qui constitue la force impulsive de ces désordres intérieurs, de ces conflits presque corps à Corps.

Cette surexcitation nouvelle des esprits a sa source dans une révolution exclusivement littéraire qui s’accomplit alors.