Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

26 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

France, par la bienfaisance de Louis XVI et de son ministre.

Treize mois plus tard, M. Necker, débordé par le mouvement révolutionnaire, résignait son portefeuille et quittait la France, où sa vie n’était plus en sûreté.

On jouait, à la date du 20 octobre suivant, le Glorieux et le Legs, avec Molé et M'° Contat pour protagonistes. À cette représentation assistait le jeune Louis-Ange Pitou, arrivé le matin même, fuyant le séminaire de Beaulieu à Chartres, où on voulait le forcer à prendre les ordres. Il se trouvait, ainsi qu'il le dit luimême : « à Paris sans état, sans fortune, sans parents, sans connaissances ».

Cependant son premier soin avait été d'aller au Théâtre-Français admirer et applaudir les deux artistes dont la grande renommée avait pénétré jusqu’à lui, dans sa province (1).

Environ trois mois après cette reprise de la comédie de Destouches, une premièrereprésentation allait avoir

(1) Né au hameau de Valainville, près Châteaudun, en 1769, Louis-Ange Pitou acquit une certaine célébrité par ses attaques contre les Jacobins et contre le Directoire, surtout par les chansons royalistes très populaires qu’il composait et chantait lui-même devant l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, d'où son surnom de Pitou l'Auxerrois. — Parmi ces chansons on peut citer : Les Mandats, Père Hilarion, Les Incrédules, Les Collets noirs, Les Contradictions, Les Lunettes, Les Béquilles, etc. Arrêté, le 13 fructidor an V (30 août 1797), condamné par jugement du tribunal criminel de la Seine, du 9 brumaire an VI (31 octobre), à la peine de mort, commuée en celle de la déportation, il fut, en mars 1798, transporté à Cayenne, avec plusieurs écrivains, prêtres, généraux et représentants. Grâcié par décret de Bonaparte, premier Consul, en date, à SaintCloud, du ?1 fructidor an NI (8 septembre 1803), il publia une relation de sa transportation et de son séjour dans cette colonie. {Préface autobiographique du Voyage à Cayenne, dans les Deux Amériques, et chez les Anthropophages, par Louis-Ange Pitou, 2 vol. à Paris, chez l’auteur, rue des Vieux-Augustins, 57, an XIII (1805). — Préface du Chanteur parisien, Recueil de chansons, par L. A. Pitou, page 5.)