Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 27
un bien autre retentissement et exercer une influence profondesur le sort du Théâtre-Français, en s’élevant même à la hauteur d’un événement politique accentué. Le mercredi 4 novembre 1789, l'affiche annonçait : Charles IX, tragédie en 5 actes. Ce ne fut qu’à la troisième représentation qu’on ajouta ce sous-titre significatif : ou l’École des Rois. L’attente du public était d'autant plus vive, plus excitée qu’on savait que d’abord la majorité des comédiens avait refusé son concours, et que le comité de police, lui-même, avait, pendant un certain temps, arrêté la représentation. A une députation des Comédiens-Français, Bailly avait répondu : « Avant la liberté de penser, il y a la question de circonstance; si j'étais le maître, je ne vous donnerais pas l'autorisation que vous me demandez. » Le district des Carmes s’opposait à cette représentation; au contraire, le district des Cordeliers l’exigeait; ce fut ce dernier qui l’emporta.
L'auteur, un jeune homme connu seulement par quelques productions dramatiques jouées sans succès sur des scènes inférieures (1), s'appelait Marie-Joseph de Chénier.
Par habitude, on continua la suppression de la particule, effectuée sous l'empire des événements d’alors.
Ilétait le quatrième et dernier fils de M. de Chénier, ancien consul général de France à Constantinople. Son frère André, le troisième des quatre frères, l’auteur de la Jeune Captive, qui devait mourir sur l’échafaud à 31 ans, victime de la haine de Robespierre, avait deux ans de plus que Marie-Joseph.
Leur mère, née Elisabeth Santi Lhomaka, était une
(1) Notamment, Edgard ou le Page supposé, comédie en 2 actes et en vers, Asémire, tragédie; Edgar, joué en 1785 et. Asémire en 1786.