Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
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372 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
en voyant l'Homme à bonnes fortunes, le Marquis du Cercle, Detieulette et l'Ecole des Bourgeois, s’imaginait exercer, comme Fleury, l'empire de la mode, ce droit de plaire et de séduire qu'il portait au plus haut degré de perfection...
« Après Fleury, venaient Dupont, qui s'était fait une véritable réputation dans le rôle d'Abel; Damas, dont la chaleur entraînante attirait tous les spectateurs ! et que M'° Contat avait si bien surnommé, « la Tenaille des auteurs ». Armand, très jeune encore, que sa figure distinguée, ses gracieuses manières, et l'étude constante qu'il faisait de ses chefs d'emploi, ont mis au nombre des premiers amoureux de la scène française.
« Parmi ces dignes desservants de Thalie, se mêlaïient ceux de sa sœur rivale : Saint-Prix, si beau dans Philoctète, si imposant dans Jacques Molay; Saint-Phal, dont le nom seul annonce talent et bonté; Talma, jouissant déjà de sa haute renommée; le sieur Vanhove, si paternel et si vrai; Baptiste aîné qui desservait les deux muses avec une rare perfection ; et surtout ce Monvel, cet inconcevable enchanteur qui, jusque dans la décrépitude, faisait vibrer tous les cœurs, par une flamme dévorante, par cet accent qui n’appartenait qu'à lui. Enfin pour donner à cette riche et belle réunion une variété qui en formait l’admirable complément, on remarquait, à leurs figures joyeuses, à leurs gestes familiers et surtout à leurs plaisanteries fines et mordantes, les comiques renommés qui contribuaient si puissamment à l'éclat de Part dramatique. Là c'était Dugazon, le doyen de la livrée, Mascarille accompli, Scapin ravissant, Bonnard par excellence, et Fougères, qu’on ne pourrait peindre qu’en empruntant ses propres pinceaux : homme de cœur et d'esprit, élève de Préville, et ami de Lekain dont il avait conservé toutes les tra-