Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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Grecque d’une beauté qui fut longtemps célèbre, et à laquelle se joignait un esprit supérieur.

Elle avait une sœur, qui fut la grand'mère de M. Thiers, de sorte que le célèbre historien se trouvait ainsi neveu à la mode de Bretagne des deux poètes André et Marie-Josenh Chénier. L'auteur de Charles IX avait dédié son œuvre à la nation française, avec une certaine emphase : Je dédie l'ouvrage d'un homme libre à une nation devenue libre.

On comprend qu’une pièce développant un thème philosophique qui s’attaquait au fanatisme, en flétrissant d’un stigmate sanglant le forfait de la SaintBarthélemy, et renfermant d’ailleurs des beautés réelles, notamment le tableau des remords du roi, se prêtait trop bien aux circonstances, aux idées du moment pour ne pas recevoir un accueil enthousiaste.

Mais un autre auxiliaire vint encore puissamment en aide à l’auteur : un grand talent tragique qui date de cet ouvrage.

Deux ans avant, le 21 octobre 1787, un jeune acteur avait débuté au Théâtre-Français dans le rôle de Séide de Mahomet. Il s'appelait Talma et était élève de Dugazon, le comique (1). On s’étonnera moins de ce fait en se rappelant que Samson a été le professeur de Rachel.

Voici comment le Journal de Paris s’exprimait à son égard : « Le jeune homme qui a débuté hier par le rôle de Séide annonce les plus heureuses dispositions; il a d’ailleurs tous les avantages naturels qu'il est possible de désirer pour l'emploi des jeunes premiers : taille, figure, organe ; et c'est avec justice que le public l’a applaudi.. Nous croyons qu'avec du

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(1) Talma fut le premier élève que produisit sur la scène le Conservatoire de déclamation, fondé en 1786 et ayant pour professeurs, Molé, Fleury et Dugazon.