Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

106 LES CAHIERS DES CURÉS

Le tiers, 48, pour la noblesse :

La moilié, 72, pour le tiers-état ou les communes.

Le principe, que ces délégués, appelés, malgré leur {riple origine, à délibérer et voter en commun, devraient être exclusivement choisis parmi leurs pairs, obtint naturellement une très-grande majorité. Mais un long et vif débat s'engagea lorsqu'il s'agit de partager les 24 représentants du clergé entre les diverses catégories d’ecclésiastiques.

Les curés, révolutionnairement syndiqués à Grenoble, avaient adressé une protestation, simplement « de droit », contre la représentation du clergé, qui ne complait que douze membres de leur classe et au choix de laquelle ils n'avaient pu régulièrement participer. Deux de leurs délégués : M. Lemaistre, curé de la paroisse de Saint-Laurent de Grenoble, et M. Fusier, curé de Chirens, furent admis à lire un mémoire, revêtu de vingt-deux signatures.

Les curés y supplient l’assemblée « de considérer qu'en confiant l'élection (des députés de l'Ordre du clergé) au bureau diocésain, on les à privés du droit d'élire librement leurs représentants, droit dont ils doivent jouir comme les autres citoyens... Ainsi ils sont fondés à protester contre la nomination qui a été faite par ces bureaux diocésains et contre toute induction qu'on voudrait en tirer à leur préjudice. Ils espèrent que Messeigneurs et Messieurs du clergé et des autres Ordres voudront bien arrêter que, dans toutes les assemblées des trois Ordres et États de la province, les curés ne pourront être représentés que par leurs députés librement élus sous les yeux de leurs supérieurs. (1).

Malgréles chanoines et hauts « décimateurs»,— c'est-à-dire les évêques, abbés et directeurs nominaux ou effectifs des riches congrégations, jouissant de la presque totalité des

(1) Séance du 11 septembre 1788. (Manuscrits des Archives nationales, B IL 56, b. 91-92)