Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 113

dent maintenir les inégalités sociales. La ville de Rennes estensanglantée devéritablesbatailles entrelesétudiants, les bourgeois etles gentilshommes. La jeunesse se « confédère » dans toutes les cités bretonnes. Les femmes elles-mêmes entrent dans la ligue civique. A « l’Arrêté des dames et demoiselles de Guérande » répond, au-delà des frontières armoricaines, « l’Arrèté des mères, sœurs, épouses el amantes d'Angers », qui envoient leurs fils, leurs frères, leurs époux et fiancés au secours des citoyens « confédérés » de Bretagne. Le Parlement de Rennes proteste. Il protestera jusqu'après la réunion de l'Assemblée nationale, contre la forme donnée par le roi aux élections. Les nobles, les « hobereaux » s’obstineront à ne pas vouloir « déléguer » autrement que par l'intermédiaire des États de Bretagne et, après que Louis XVI aura ratifié les prétendues « libertés bretonnes » du quinzième siècle, telle que les consacrait le contrat de mariage de la duchesse Anne, suecessivement femme de Charles VIIL et de Louis XII !

Le haut clergé fait naturellement cause commune avec l'aristocratie laïque. Il interdit aux curés, aux «recteurs » comme on les appelle dans l'Ouest, de s’assembler sous n'importe quel prétexte. Il leur ordonne même de résister aux commandements du roi, qui convoque les assemblées électorales, en détermine la composition et le siége.…

Il Y avait alors, dans les paroisses bretonnes, nombre d'excellents prêtres. (1) « Ils avaient lu les Provinciales de Pascal », ils haïssaient et méprisaient le jésuitisme, et, « jansénistes adoucis », à la rigueur de la doctrine, pour ainsi dire privée, ils joignaient « la tolérance civile ». Ces recteurs, dont plusieurs devinrent des héros républicains contre la chouannerie, étaient, en 1788-1789, de véritables

(1) Comme nous l'écrivait le docteur Guépin en 1862,