Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

114 LES CAHIERS DES CURÉS

Vicaires savoyards. Us laissaient, ils faisaient même « danser le dimanche, sous les yeux des parents; ils présidaient à la réunion fréquente des deux sexes pour les plaisirs honnêtes », tenant l'ennui pour vicieux et l’abètissement jésuitique pour plus vicieux encore.

Il va sans dire que ces recteurs citoyens furent, dès la première heure du réveil national, aussi sympathiques au tiers-état qu'hostiles aux Ordres privilégiés. Mais, ne sachant comment se conduire en présence des anathèmes des évèques, ils s'adressèrent, eux aussi, aux curés dauphinois. :

La réponse, qui leur fut vite donnée, porte ce titre : Les curés du Dauphiné à leurs confrères les recteurs de Bretagne (4). Sa publication consterna le haut-clergé (2).

Elle est d’une pénétrante éloquence et commence ainsi :

« Très chers et très honorés confrères,

« Nous ne cessons de bénir le ciel de ce qu'il a voulu inspirer à tous les habitants de la province de Dauphiné cet esprit de justice, de raison, de paix et de concorde, qui nous garantit à jamais des maux sous lesquels nous gémissons depuis si longtemps, et qui, nous ramenant à notre constitution primitive, a fait rentrer le peuple dans l’exercice de ses droits.

» Un bonheur isolé ne serait pour nous qu'un demibonheur et notre joie ne sera parfaite que lorsque nous apprendrons que tous les Français, nos concitoyens, ont été rendus, comme nous,à la liberté... »

Les recteurs de Bretagne sont menacés par les intimidations des « fauteurs de l'aristocratie féodale et magistrale. » Tout serait perdu si « leur haut clergé, leur noblesse

(1) Brochure in-8 de 25 pages, conservée à la Bibliothèque nationale, Lb* 1241,

()F. L. CG. Montjoye, Hist. de la Révolution de France de 1788 à 1789, 2 vol, in-80, Paris, 1797,t.1, p. 354.