Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

122 LES CAWIERS DES CURÉS

verrez les abus successifs de la force et de l'autorilé remplacés par les lois de la modération et de la justice ; l'humanité, cette tendre émotion d'une âme bien née, prendra la place de l'insensibilité; le malheureux aura ses consolaleurs el ses soutiens, el la pauvrelé même aura ses jouisSAnces. »

VI

EXTENSION DU MOUVEMENT DES ŒCURÉS A TRAVERS LA FRANCE ENTIÈRE. — L'ABBÉ GRÉGOIRE.

Dans le diocèse du Mans, circule, au milieu du mois de février 1789, un appel véhément aux curés, qui n’osent pas se réunir (1). I se termine ainsi :

at « Le second ordre du clergé gémit dans l'esclavage et dans les fers; les abus se subslituent, le défaut de liberté les fomente et les perpétue. Quelle qu'en soit la source, pour la tarir et la détruire, un seul moyen se présente à mon esprit, celui de supplier très-humblement Sa Majesté de permettre que le choix de nos députés, même celui de nos électeurs, se fasse par la voie du scrutin, comme il sera fait par nos électeurs de nos représentants aux États généraux. Si le roi veut bien nous accorder cette nouvelle grâce, rien ne gènera l'exercice de notre liberté, aussi courageuse dans les effets qu'elle est ardente à désirer dans le secret. »

A Orléans, les curés se sont assemblés, Ie 5 janvier, presque régulièrement chez leur doyen. Ils ont pris con-

(1) I est, dit M. Antonin Proust, Archives de l'Ouest, IV, 145 du curé de Gourdaine, Turpin du Cormier.