Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 125

« Les curés sont après les évêques, la première et la plus digne portion du clergé... Personne ne connait mieux les forces respectives des paroisses et des paroissiens. .... Si la classe des pauvres peut être directement représentée, cest le privilége sacré de leurs pasteurs de les représenter... Et si la noblesse, le haut clergé et le Tiers sont divisés, qui les conciliera mieux que le clergé inférieur ? »

Des curés de l'Ile-de-France, comme celui de Souppes, réclament individuellement au directeur général des finances « Nous sommes 40,000 dans le royaume, la majorité du clergé... Qu'il nous soit donné dans les États généraux des représentants tirés de notre corps et en proportion de ce nombre (2). »

Les curés de la Flandre wallonne, puis ceux des Deux Flandres se réunissent, écrivent à Necker, font des Mémoires pour le roi (3).

Par exception, dans deux diocèses, ce grand mouvement pastoral est dirigé par les évèques eux-mêmes : à Blois, par M. de Thémines : à Langres, par M. de la Luzerne; deux prélats qui, par hasard, croient en Dieu et en la liberté. Dans la Franche-Comté, l'inspiration est donnée par le curé d'Ornans, l'abbé Clerget, qui vient de publier un livre admirable, le Cri de la Raison, dans lequel il revendique la liberté des quinze cent mille Français maintenus en servitude par des seigneurs, la plupart ecclésiastiques [#).

Les foyers de propagande ouverts en Dauphiné et dans lAnjou, en Languedoc, en Provence, en Auvergne, sont puissamment élargis par celui qui s'allume à Nancy. De là

(1) Manuscrits des Arch. nationales, B IL 48, folios 304-453.

(2) Arch. nat, BIIL 143.

(3) Arch. nat. B INT 72 et 169.

(4) V. notre livre l'Eglise et les Derniers serfs, in-18, 1880, Dentu éditeur,