Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 429

L'historien qui ale mieux étudié les causes lointaines et immédiates de la destruction de l'Ancien régime, A. de Tocqueville, se refuse, comme Mounier, à admettre que « la Révolution francaise, européenne, ait été produite par une couspiration ». Le changement des idées qui à fini par amener le changement des faits, explique-t-il (1), € s'est opéré au grand jour, par l'effort combiné de tout le monde, écrivains, nobles et princes, tous se poussant hors de la vieille sociélé, sans savoir dans quelle autre ils allaient entrer. »

Néanmoins les jésuites — jusque dans les cours faits à notre époque dans leurs colléges et facultés « libres », — ont soutenu la thèse pour la première fois élablie en 1795 par leur brochure : « Le système gallican at« teint et convaincu d’avoir été la première et la princi« pale cause de la Révolution qui vient de décatholiser et « de dissoudre la monarchie très-chrétienne, et d'être au< jourd’hui le plus grand obstacle à la contre-révolution en « faveur de cette monarchie. »

Dans son livre de 1859, l'Église romaine en face de la Révolution, M. Crétineau-Joly prend cette fantaisie pour son point de départ, s'abstient de plaindre l'ancienne mouarchie, qui a mérité son sort parce qu'elle a expulsé les jésuites, et veut prouver que l'illuminé Joseph de Maistre à eu raison de prédire: « La Révolution française fut commeneée contre le catholicisme et par la démocratie; le résultat sera par le catholicisme contre la démocratie ».

Si les jésuites, institués comme milice papale contre la réforme protestante au seizième siècle, combattant les églises nationales au dix-seplième siècle, se donnent pour but, au dix-neuvième siècle, d'extirper les principes de 89, el accusent leurs ennemis soit politiques, soit religieux, de

1) Œuvres et Correspondance inédites, II, 185-186. Michel Lévy, éd,