Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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conjuration antisociale, antidivine, leurs ennemis religieux et politiques n'ont-ils pas le droit de retourner contre eux l'accusation et de les traiter en conséquence ?

Un gallican, de nos jours dans un livre assez mal digéré mais fort curieux (1), raconte longuement :

En premier lieu, comment la Constitution Unigenitus, dictée au pape par les jésuites contre la Déclaration de 1682 qui venait de consacrer les libertés de l'Église gallicane, prépara, durant un demi-siècle de troubles, la désorganisalion morale du clergé francais et le livra divisé, déshonoré, aux coups railleurs de la philosophie;

En second lieu, comment, expulsés des divers États européens, chassés de France par arrêts des parlements et par édits royaux (1762-1777), à ‘itre de banqueroutiers, de régicides, de conspirateurs politiques et d'éducateurs irréligieux, « tendant à détruire les préceptes de la loi naturelle, la foi des contrats, le respect des lois civiles et tous les liens de la société » (2), les jésuites conservérent tout. de mème leur influence à la cour de Louis XV et à celle du jeune Louis XVI, participèrent à l'avènement de Meaupeou brouille-tout, au renversement du grand réformateur Turgot, et firent arriver l'intrigant pourri, le cardinal Loménie de Brienne, juste au moment où s'imposaient les États généraux, afin d’en employer la préparation à les rendre impossibles par la division générale ou à les faire avorter dans l’universelle anarchie.

Le gallican Jean Wallon prétend, sur inductions souvent très sérieuses, que Brienne et les jésuites exploitèrent l'arrêt du conseil du 5 juillet 1788 avec une peryersité profonde. Il les accuse d'avoir mésusé de la liberté provisoire de la presse pour lancer les idées les plus folles, présenter les

(1) Jean Wallon, Le Clergé de 89, in-18, 1876, Charpentier,

(2) Selon le compte-rendu du parlement de Bretagne cité par Mounier, p. 52.