Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 131

plans les plus radicalement absurdes, en particulier contre le clergé. Il répute soudoyées par le cardinal-ministre, inspirées, écrites par la compagnie de Jésus, quelques-unes des brochures qui exaspérèrent l'esprit public. Par exemple, il met en suspicion celles des abbés publicistes qui, révolutionnaires en 1788, devinrent réactionnaires plus tard, et,au premier rang, celles de l’intarissable Cerulti, jésuite en apparence défroqué, qui se glissa dans les loges maçonniques et s'insinua dans l'intimité de Mirabeau, dont il fit l'oraison funèbre. Il y gagna de devenir membre de l'Assemblée législative, sans avoir renié l’Apologie des jésuites, par laquelle, professeur au collège supprimé de Lyon, il s'était fait connaitre en 1762. Ce personnage mourut en 1792, professant encore les opinions les plus déimocraliques dans sa Feuille villageoise.

Son vice originel d’avoir été jésuite nous empêchera de prendre en considération ici ses Idées simples et précises, ainsi que son Gouvernement sénati-clérico-aristocratique . Nous laisserons de côté une cinquantaine de libelles anticléricaux, qui, ne répondant pas à la moyenne de l'élat mental des esprits d'alors, par cela seul deviennent, pour la critique historique attentive, suspects d'inspiration étrangère, jésuitique.

Nous avons fait poser « la question des curés » par les curés eux-mêmes.

Nous ne ferons intervenir dans la question générale de la réforme du clergé catholique, à la veille de son abolition comme premier Ordre de l'État, que des laïques incontestables, cherchant sincèrement le bien du peuple. Nous ne dresserons le plan précis de la constitution d’une Église française, — dogmatiquement maintenue dans l’orthodoxie catholique — qu'à l'aide des brochures loyales.

Jamais nation ne se trouva, comme la nôtre en 1789, subitement mise en demeure d'écrire, d'imprimer son