Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 133

Un légiste, partisan des deux Chambres parce qu'il ne reconnait, en monarchie tempérée, que deux Ordres, « les Grands et le Peuple », traite à fond la question Des droits du clergé dans les affaires publiques (4). Il regrette que le roi, dans le « Résultat du conseil » du 27 décembre 1788, n'ait pas appliqué au royaume entier ce qu'il à autorisé pour le Dauphiné : la réunion des Ordres. Il est done obligé d'examiner si le clergé est réellement un Ordre ayant droit d'être représenté aux Etats généraux.

Si la corporation ou l'association ecclésiastique forme un Ordre, demande-t-il, Pourquoi les autres corporations ou associations, la Magistrature, l'Armée, la Finance, jusqu'au dernier corps de métier, ne formeraient-ils pas aussi chacun un Ordre?

Le clergé s’est vanté, par la bouche de l’un de ses orateurs, de ne pas être, comme la noblesse, « une horde étrangère, ayant impocé par capilulation, ses litres, ses privilèges à un pays conquis. » Iln'a pas été, comme était la tribu de Lévi dans l’ancien Testament, choisi par Dieu pour transmettre de père en fils les fonctions du saint ministère. Tous les membres qui le composent sont des diverses classes de la Société.

Le droit à former un Ordre dans l'État ne saurait s'expliquer que pour une classe ayant un grand intérêt à la bonne constitution, à la bonne administration, à la prospérilé et à la gloire de l'Etat. Or, le clergé n’y a aucun intérèl; voué à la religion, il a renoncé à tout autre intérêt qu'à celui du ciel : « l'abnégation du patriotisme devant être de principe » chez lui (2), comment formerait-il un corps politique?

Les affaires religieuses, dans lesquelles l'Église ne recon-

(1) In-8 de 39 pag.; Bibl, Nat, Lb®, 1015, (2) Ibid, p. 9