Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSMRRECTION DES CURÈS 143

X

LES PUBLICISTES LAÏQUES CONTRE LES ÉVÈQUES ET LES MOINES, POUR LES CURES,

Servan (1) était avocat général au parlement de Grenoble dès l’âge de 27 ans. Ami de d'Alembert, de Diderot et de Voltaire, sur son siège même il se posa, par des réquisiloires célèbres, en réformateur de l’odieuse justice criminelle de son temps. Démissionnaire de sa charge, il publia, en 1788 et 1789, une dizaine d’écrits d’une simplicité admirable qui exercèrent beaucoup d'influence dans les provinces du Sud-est (2).

Il lance durant l'automne de 1788 une Zxhortation pressante aux trois Ordres de la province de Languedoc, afin qu'ils imitent les Dauphinois (3). »

« Ne cesscrez-vous pas de trembler, prosternés devant vos évêques ?.… Vous êtes la fable de l'Europe et l'objet de la pitié du reste de la France... Réveillez-vous et devenez libres sous l'égide des lois !... Voulez-vous n'être que des chrétiens ? Déjà vous en avez la pauvreté. Mais demandez donc à vos évêques de suivre au moins cet exemple, qu’ils auraient dû vous donner ; demandez-leur de ne pas précher (si jamais ils prêchent) une religion dont leurs richesses et leurs actions ne sont qu'un démenti public. »

(1) Joseph-Michel-Antoine, né à Romans, le 3 novembre 1737, mort à Saint Rémi, le 4 novembre 1807.

(2) Nommé aux Etats-généraux par deux bailliages, il s'excusa sur la faiblesse de sa santé. En 1793, il faillit sortir un instant de sa retraite volontaire : il s’offrit pour plaider la cause de Louis XVI, devant la Convention.

(3) Brochure de 44 pages in-8° reproduite dans ses OEuvres.