Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 445

A la fin du mois de décembre 1788, Servan écrit des Conseils au clergé de Provence, où il lui reproche de mettre obstacle à l'organisation d'États provinciaux sur le modèle de ceux du Dauphiné, les trois Ordresréunis. Si les évêques qui oppriment l'Ordre entier s’obslinent dans leur opposition, que les curés des villes et des campagnes, dit-il, prennent en main la cause du peu ple, s'unissent entre eux, fassent une requête au roi. « Il est temps que les curés. cessent d'être avilis dans l'ordre politique; il faut qu'ils jouissent des droits de citoyens et ne restent pas sous la domination des évêques. »

Le clergé — lisons-nous dans une brochure très séricuse en dépit de son litre comique, le Purchemin en culotte (1), le clergé se divise en trois classes bien marquées :

«IL n’y à dans la première que les archevêèques et les évêques.

« La seconde comprend les abbés, les abbayes, les bénéficiers el les chapitres. Cette portion du clergé n’a d'autre fonction que de consommer les revenus ; assez puissante pour se garantir de la première et assez injuste pour dédaigner et oppresser la troisième, composée des curés, vicaires et desservants.

« Ceux-ci sont le peuple ecclésiastique, auquel on laisse prècher et souvent pratiquer les vertus sociales.

« On ne compte pas les mendiants; sans aucune mise dans la société que la honte d'y quêter, quels droits ont-ils à la vie nationale ? »

Les éléments fixés, conclut le Parchemin, le compte n’est pas difficile à établir: « Ramener la tête du clergé à la religion, la haute noblesse à l'honneur, contrôler et surveiller sévèrement la première classe du Tiers (les financiers).. sans qu'à l'aveniron puisse citer une loi antérieure à 1789. »

(1) Bibl, rév. du Louvre, carton 160,