Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

146 : LES CAHIERS DES CÜRES

Les brochures contre les moines sontinnombrables (1).

Quelques-unes, la Capucinade, la Chemise levée à l’abbaye de Montmartre, Arlequin véformateur dans lu cuisine des moines, le Mandement de Vul-Joyeux sur l'abjection présente de l’étut religieux, le Remue-Ménage du Paradis, Dom Grognon ou le Cochon de Saint-Antoine, l'Histoire des moines décrite & la manière de Buffon, l'Essai historique sur Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevrault, « qui convertissait les filles en les embrassant ; » là Confidence monacule, dévoilant la paillardise « des réguliers très irréguliers », etc., elc., sont des drôleries qui se reproduisent chaque fois qu'il faut employer contre les congrégations renaissantes toutes les armes de l'ironie française.

Mais, sous le rapport de l'esprit et du style, nous les jugeons bien au-dessous de la Religieuse de Diderot et des Lettres persanes de Montesquieu. Au simple point de vue du mépris du moine mis à nu, ces légères feuilles révolutionnaires nous paraissent tout à fait fades, si nous les comparons aux petits et grands poèmes satiriques du douzième au quinzième siècle. Littérairement et religieusement, elles sont, du moins, une preuve de la persévérance de notre génie national dans cette longue bataille de la Nature et de la Raïson, — qui étaient déjà les types français par excellence du Roman de la Rose, — contre l'antinature monacale et l'antiraison mystique.

Un publiciste sérieux, qui, dès l’époque de la convocation des premiers notables, indiquait la réforme {otale du clergé comme la première à {enter pourla régénération financière, morale et politique du pays, démontre dans ‘ses Essais

(1) Nous en avons parcouru des centaines à la Bibliothèque révolutionnaire du Louvre, qui était de beaucoup la plus riche en cette matière. 1l en reste un nombre suffisant dans les collections Labédoyère et Hennequin, acquises par la Bibliothèque nationale.