Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

118 LES CAHIERS DES CURÉS

L'auteur anonyme De {4 noblesse et des Moines (1) s'élève contre « ces hommes et ces femmes qui font vœu de stérilité » au mépris de l'Ancien et du Nouveau Testament. IL cite la Genèse: « Croissez et multipliez, et remplissez la terre; » l'évangile selon Saint-Luc: « Que l'arbre qui ne fait pas de fruits soit coupé ! »

Les congrégations religieuses, rappelle--il, n'ont été que très tard admises dans la hicrarchie ecclésiastique. Les vœux solennels ne datent que du treizième siocle.

Les moines « forment une nombreuse milice dispersée à travers {ous les États catholiques, dévouée au saint-siège exélusivement, souvent dangereuse pour les gouvernements par l'influence que leurs membres ont acquise, à titre de directeurs de consciences, de régents de collège et d'accapareurs de successions par fraudes pieuses. »

L'auteur ne saurait trop insister contre les vœux de chasfeté qui violent la nature, la religion même, et nuisent à l'intérêt de l'État. 11 montre les dangers nationaux et sociaux résultant du vœu d'obéissance à un supérieur étranger, à la cour de Rome. Le « bien politique » lui parait exiger que l'éducation des enfants soit enlevée aux moines. IL recommande à Louis XVI l'exemple de Joseph IT; il voudrait que tous les cloitres fussent « ouverts ».

Non-seulement contre les couvents, — fombés dans le discrédit universel et sur lesquels les défenseurs même du haut clergé n'osaient étendre leur protection, — mais contre le célibat ecclésiastique en général se prononce le futur maire de Paris, Pétion de Villeneuve (2):

« Le clergé est fort respectable et remplit des fonctions augustes lorsqu'il se sert de la parole de Dieu pour réunir les hommes et former un peuple de frères ; lorsqu'il con-

(1) In-8 de 22 pages, Lb®? 1037. (2) Avis aux Français sur le salut de la Patrie, 254 pages in-8, ED#755, p. 101-102.