Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 159

Sieyès publie des Vues sur les moyens d'exécution dont les représentants de la France pourront disposer en 1789 (1). IL y réfute les fantaisies érudites et dirige toute la vigueur de sa logique contre « les importants d’antichambre, » qui se figurent que les nouveaux États généraux ne seront faits, comme les anciens, que pour donner de l'argent et déposer très humblement un « cahier d'adieu. »

Il établit qu'à la nation seule appartient le droit d'octroyer l'impôt; que ses représentants pourront, en sauvant l'État de la banqueroute, prendre et garder le pouvoir législatif. Il indique de quelle manière les États généraux « peuvent rendre permanent et indépendant le résultat de leurs délibérations ; » il dresse le plan de la Constitution future et le compte du rétablissement de l'équilibre dans les finances, ne s'oceupant ni de la monarchie de droit divin, ni de la noblesse, ni du clergé, dont il élimine les prétentions et les intérêts de ses raisonnements et de ses conclusions de droit absolu.

Pendant l'assemblée des Notables de 1788, Sieyès préparail, et aussitôt après le Résultat du Conseil du 27 décembre, il lança la brochure décisive : Qu'est-ce que le Tiers-Étut?

Trois questions y sont posées :

« Qu'est-ce que le Tiers-État? — Tout.

« Qu'a-t:il été jusqu’à présent dans l'ordre politique ? Rien. « Que demande-t-il à être? — Quelque chose. »

L'inflexible logicien démontre que le Tiers-État « est ane nation complète,» que les Ordres privilégiés ne font pas nécessairement partie d'une organisation sociale régulière ; que, dans celle-ci, il n’y a place que pourles hommes égaux, les uns exerçant des travaux particuliers, les autres des fonctions publiques.

(1) In-8. 178 pages, 1786,