Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 161

généralise l'exemple d'insurrection pacifique donné par les Etats du Dauphiné.

Il pose au-dessus de l'Église et de la monarchie, — dontil continue à ne pas plus parler que si ellesn’existaientpas,le droit du peuple, du tiers-état, réorganisant la société conformément aux règles de la justice naturelle et rationnelle. Il proclame d'avance la souveraineté de la nation, s'exerçant envers et contre tous dès que ses représentants se trouveront réunis. En vain lui objecterait-on des traditions historiques; il conteste la valeur juridique de l’histoire. Si on lui cite des exemples tirés de la pratique conslitutionnelle des Anglais, il répond: « Élevons-noustout d'un coup à l'ambilion de vouloir nous-mêmes servir d'exemple aux nations. »

Se lançant dans l'agitation électorale, au mois de février 1789, Sieyès dicte des Délibérations à prendre dans les assemblées de bailliage, dispersées à un nombre énorme d'exemplaires, sous la même couverture que L« Instruction » donnée par le duc d'Orléans « à ses fondés de pouvoirs. »

Ce manuel des électeurs est aussi radical que les traités de droit politique qui l'ont préparé. L’abolition des Ordres y est opérée d’un trait, par la déclaration prescrite aux éleeteurs du Tiers: « Nous sommes la nation! Tous les priviléges, aussi odieux dansles droits « politiques » que dans les droits « civils, » sont abolis. Que la loi confère à tous les membres de la société les mêmes droits civils et politiques ! »

La recommandation capitale adressée aux électeurs patriotes est de n’élire aucun privilégié, « s’il ne renonce surle-champ à toute espèce de privilége. »

Sur le haut clergé, rien, si ce n’est qu'aucune exception n'est présentée en faveur des privilèges ecclésiastiques. Quant au clergé inférieur, il reçoit, avec les Délibérations à prendre, qu'a rédigées le vicaire général de Chartres, une