Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 163

XI LE SUPRÈME EFFORT DES CURÉS POUR OBTENIR DES DÉPUTÉS.

L'épiscopat noble, les chefs des ordres religieux, Les gros décimateurs, épouvantés de l'organisation du clergé inférieur, ont épuisé tous les moyens avouables et inavouables pour la briser. Il n’est pas d'intrigues à la cour, de séductions et de corruptions dont ils n’aient usé pour empècher ce renversement de la hiérarchie religieuse et de l'ordre social : De misérables roturiers, fils de bourgeois, fils de paysans, siégeant dans des assemblées politiques au même rang queles descendants des croisés ; des curés à « portion congrue », des vicaires en soutane déchirée admis à discuter avec les prélats et les abbés à crosse d'or !

Mais le ministre Necker, qui, d'ailleurs, est protestant et genevois, n'est sensible ni aux flatteries ni aux menaces de l'aristocratie eléricale française. Les intérêts qu'elle défend sont l'obstacle principal aux projets financiers qu'il poursuit, et il cherche naturellement appui dans le tiers-état ecclésiastique comme dans l'autre.

Sous la très-vive impression des brochures de l'abbé Sievès, les curés cessent tout-à-fait d'avoir peur de leurs supérieurs et des moines ; ils associent de plus en plus intimement leur cause à celle du Tiers-Etat ; La fureur même de certains archevêques leur prouve qu'il se sont trop compromis pour espérer leur salut personnel autrement que dans la Révolution.

Au milieu du mois de janvier 4789, leurs syndicats multiplient les publications afin de leur conquérir le droit électoral.