Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 165

« aux grandes opérations de la bienfaisance » royale. Pleins de zèle pour la cause de « la patrie qui souffre », ardents à « seconder les vues du roi», ils se croiraient « coupables s'ils ne réclamaient le droit de porter leur suffrage dans l'assemblée de la nation. »

S'il existe en France 200,000 personnes d'église, il y a bien 40,000 curés et, si l'on compte leurs vicaires, leurs secondaires et les divers cleres attachés aux paroisses, on peut compter 120,000 prêtres « participants au ministère pastoral, qui forment environ les {rois cinquièmes du clergé.» Mais ils sont loin de posséder les trois cinquièmes des biens de l'Eglise ; leur part dans les revenus ecclésiastiques ne dépasse guère les deux cinqu'èmes.

Suivant le principe équitable, proclamé par le Résultat du conseil du 27 décembre, le roi reconnaïtra que les prètres des paroisses ont incontestablement le droit de « députer » en nombre égal à tous les autres ecclésiastiques du royaume.

Cependant les curés revendiquent moins « leur intérêt particulier » que l'intérêt général, l'intérêt des pauvres et des malheureux confiés à leurs soins. Ils implorent « de la justice de Sa Majesté le pouvoir de défendre, au milieu de la nation assemblée, la cause de leurs pupilles ».

Il y a, dans le royaume, au moins neuf millions d’âmes, dont une partie est composée de ceux qui, incapables de gagner leur subsistance, ne vivent que de la charité des pasteurs; dont l’autre partie, formée d'artisans qui n’ont que leurs bras pour tout bien, est réduite, dès que se produit un accident funeste, la disette, la maladie, la vieillesse, « à chercher des ressources dans le sein de leur curé ».

Les curés, « suppliants aux pieds du trône », sont les tuteurs des neuf millions de sujets les plus infortunés. Ils doivent être « leurs avocats » dans le grand conseil de la