Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 1 77

lement. Très développé, appuyant chaque queslion posée d'un raisonnement décisif, il n'est point une œuvre de polémique ; il est l'expression la plus exacte que nous connaissions des sentiments de ceux des prêtres non privilégiés qui voulaient voir l'Église de France se réformer elle-même, avec le concours de la nation, mais sans que l’État l'absor-

bât et sans que la religion catholique cessàt d'être prépondérante. Ainsi, par exemple, ces curés auvergnats, — dont les formules très-étudiées ont souvent élé reprises mot pour mot dans les Cahiers authentiques, supplient le roi de se montrer toujours « l'évêque extérieur de la nation française » ; ils adjurent les États généraux eux-mêmes « d’étouffer au berceau toute nouvelle hérésie, mais par des moyens de douceur et charité la plus grande » (1).

Ils entendent que les biens de l'Église, « aussi longtemps que la religion catholique sera la religion de l’empire français », demeurent «entre les mains du clergé, biens sacrés que ni le roi ni la nation ne pourront légitimement reprendre et transporter à d’autres usages que ceux auxquels ils ont été primitivement destinés, savoir : l’honnèête entretien des ministres, le soulagement des pauvres et la dotation des fabriques pour la décoration des temples et du culte publie » (2).

Ces deux réserves présentées au nom de l'Ordre entier, les curés feront ressortir l’inique répartition des biens de l'Église et réclameront : que la pluralité des bénéfices soit interdite et toute simonie abolie; que la nomination des curés se fasse par l'évêque à titre inamovible; que des synodes diocésains se tiennent régulièrement tous les ans, des conseils provinciaux tous les cinq ans.

(1) Page 35. (2) Page 36.