Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

{80 LES CAHIERS DES CURÉS

XVI

BROCHURES MONACALES.-— LE RÈVE DU PAUVRE MOINE. — LE TABLEAU MORAL DU CLERGÉ

Les lettres royales de convocation des États généraux ne réclamaient pas seulement des cahiers officiels, délibérés dans les assemblées de chacun des trois Ordres aux chefslieux de bailliages ou sénéchaussées. Elles autorisaient toutes les classes, tous les citoyens, à émettre leurs plaintes et leurs souhaits, à formuler leurs moyens etavis « sur tout ce qui pouvait intéresser le bien des peuples et la prospérité du royaume. »

Cette liberté complète de la presse, avant et pendant les élections, servit aux plus méprisés, aux plus opprimés du clergé régulier, pour se défendre à la fois des attaques des laïques et des curés, de l'abandon des évèques et des compromettantes revendications de leurs propres abbés, prieurs, procureurs et gardiens.

Longtemps avant les élections, en novembre 1788, les communautés de Bonnetable et de Bonneval avaient expédié au gouvernement des Doléances des religieux bénédictins de l'ordre de Citeaux. Ils ÿ demandaient que l'usage des lettres de cachet « contre les religieux trop clairvoyants » fût aboli ; qu'il leur fût permis de réorganiser leurs chapitres et d'élire leurs abbés comme autrefois (1).

En février ou mars 1789, un capucin isolé écrit des Lettres à Messeigneurs du clergé de France (2), « qui ont laissé tom-

(1) Arch. nat., sénéchaussée de Rodez, fol, 489, (2) Bibl, nat, LL‘, 120,