Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSËRRECTION DES CURÉS 183

La résidence d’abord, ensuite le choix des évêques, sans considération de naissance, parmi les meilleurs curés : telles sont les conditions principales de la régénération de l’épiscopat.

Les curés, d'origine aussi ancienne que les évêques, élaient appelés « prélats inférieurs » avant que les abbés eussent usurpé le titre honorifique avec la crosse et la mitre. Ministres indispensables, ils n’ont pas de quoi subsister, depuis que la dime leur a été prise par les hauts décimateurs et qu'on les a mis « à la portion incongrue ». Qu'on relève leur position, qu'on les utilise à répandre les arts agricoles, à pratiquer un peu de médecine ; (1) et qu'un bon évèque, résidant, les choisisse parmi les vicaireséprouvés, les traite selon l'utilité sociale et religieuse dont ils sont.

Mais qu'on commence par délivrer les diocèses du violent esprit de corps des chanoines nobles, qui entretiennent de perpétuelles divisions entre eux-mêmes, entre les chapitres roturiersdes collégiales, entre les moines et les curés. Qu'à la place de petits vicaires généraux, « quatre imbéciles contre un à talent, » on remette « la clef de l’épiscopat » à un conseil d'anciens pasteurs, comme l'exigent les canons de l'Église.

Qu'on assure de l'avancement aux malheureux vicaires qui, faute de l'espoir de devenir curé, ne sauraient sortir que de la classe la plus grossière.

Qu'on abolisse les abbés, qui ne sont plus « pères des moines », mais simples titulaires d’abbaye, « qui ne liennent à l'état ecclésiastique que par l'habit et qui le déshonorent par leur inconduite ! » Le gouvernement, écrit notre auteur, « n’attaquera point la propriété du clergé tant qu'il ne disposera que de son revenu , 1’ église de France

(1) Pages 24, 37, 88,