Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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aura tout fait pour son intérèt (propre) quand elle n'aura plus que des membres nécessaires, que des ouvriers évangéliques, et que ces ouvriers auront suffisamment de quoi subsister... Une abbaye de 20,000 Livres suffirait pour soutenir la vieillesse de quinze anciens curés. (1) »

Qu'on y emploie aussi les bénéfices simples, pricurés et chapelles, « qui se donnent à des enfants de quatorze ans, et le superflu, dont abusent les clugnistes, les bénédictins, beaucoup de religieux rentés richement malgré leur vœu de pauvreté. »

L'écrivain s'arrête « de peur d'attiser l'incendie » ! Cependant, un peu plus loin (2), il s'élève contre la richesse des disciples de saint Bruno, de saint Benoit, de saint Bernard, « bénis, autant qu'ils sont maudits à présent », lorsqu'ils « cultivaient les terres incultes et la vertu. » Il s’indigne de voir « l'habit monacal trainé avec ostentation dans un char doré, brillant dans un cercle de dames aux couleurs factices, assis devant des tables couvertes de mets recherchés ».

Dans l’ancien temps, rappelle-til, il n'y avait point « de brigues pour obtenir les dignités du cloître, de haines secrètes de moine à moine, d’accusations les uns contre les autres rendues publiques. » Car autrefois « la religion et la vraie philosophie peuplaient les couvents. De nos jours, le défaut de capacité pour embrasser un état, l'égoïsme, l'amour de l’oisiveté, du plaisir font souvent les moines. Un vénérable religieux, à qui un jeune homme demandait conseil, voulant fuir les passions du monde, répondait : « Gardez-vous d'entrer au cloitre, vous y retrouveriez toutes ces passions ! » (3)