Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 185

Les religicuses, selon notre moine (1), « ne sont point du clergé ». Il tremble sur « le sort des victimes d’une ferveur momentanée et de l'ambition des parents ». Il répute contraires au christianisme ces maisons qui refusent les filles non nobles et même les filles nobles, si elles n'apportent pas une dot suffisante. Il cite un prélat chargeant ses curés de publier au prône des messes paroissiales : « On recommande à vos charités une demoiselle de condition qui n'est point assez riche pour faire vœu de pauvreté dans une maison très opulente ! »

Ce religieux, sans doute, ne voudrait pas que les États généraux supprimassent le clergé régulier. Il propose une très longue série de mesures utiles auxquelles pourraient servir leurs biens et édifices, si, en les réformant, on en réduisait et le nombre et la fortune. Mais il compte très peu sur la réforme qu'il propose, même pour les mendiants. « L'état monastique, s'écrie-t-il (2), parait désespéré. On annonce sa chute, on la croit prochaïne. Les religieux euxmêmes semblent la désirer. Aussi la religion les abandonne et les sacrifie aux clameurs publiques. »

Dans les Remontrances et doléances des curés du royaume, qui terminent le Tableau moral du clergé (3), l'abolition des droits « onéreux au peuple » et les innovations indispensables au bien-être général sont indiquées comme devant être obtenues avec le concours du bas clergé. Un plan complet de réorganisation ecclésiastique — avec le concours des États généraux — est présenté; la suppression de la dime en est la base, l'élection des évèques en est le couronnement. — « Nous désirons », est-il dit à l'article 1, « qu'un évêque ne soit point étranger à son diocèse, qu'il soit élu au

(1) Page 109. (2) Page 99. (3) Pages 451-164,