Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 187

citoyens qui, pour être plus méprisée, n’a cependant pas moins de zèle ni moins de patriotisme que les autres... Le désir de Sa propre conservation est un sentiment impérieux que la nature inspire à tous les êtres animés... Du mépris des religieux à celui de la religion le pas est glissant, la méprise facile et l'illusion presque toujours volontaire. » Dans un opuscule, très répandu et très remarquable, publié en diverses éditions, sous trois titres : l'Église gallicane, l'Aristocratie enchainée, Doléances du clergé du royaume (1), l'abbé S..., vicaire général de Châlon-surSaône, correspondant de l’Académie des inscriptions de Paris, « pose en principe que l'Église gallicane est antérieure » à la monarchie française, puisque c’est elle qui a éclairé les barbares fondant le royaume. Il supplie Sa Majesté de « décharger sa conscience de la nomination des évêques, qui appartient à la nation. » Il démontre que le peuple n’est pas fait pour les pasteurs, mais « les pasteurs pour le peuple, » et que, par conséquent, « s’il ya dans le clergé des bouches inutiles, des prêtres sans fonctions, vivant sans labeur et comme pour s’engraisser du plus pur sang des peuples, » c'est un abus honteux auquel « la nation seule peut remédier. » Il s'élève contre l’usurpation des dimes, instituées par Charlemagne et consenties parlanation non pas au profit d'un abbé commendataire, d’un prieur de couvent, d'une abbaye où d’un chapitre, mais pour le service et l'entretien des autels, pour l'instruction publique et le soulagement des malheureux. Qu'on fasse enfin cesser cet abus « déraisonnable et désastreux: » qu'on rende les dimes aux pauvres et aux curés, aux pasteurs en exercice. Il est d'évidence « même de foi, » qu'ils forment seuls, avec

(1) On le retrouve dans plusieurs collections différentes ui

est au complet, in-8° de 50 pages, à la Bibliothèque nationale, Lb # 1387. !