Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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être canoniquement, la mense abbatiale restera à l'abbé, pourvu qu'il réside au moins six mois et serve des suppléments de traitement aux curés et vicaires à qui la dime ne suffirait pas; la mense conventuelle servira à l'entretien du couvent, des églises et presbytères en dépendant ; une part de la mense monacale sera employée en aumônes. Le nombre des maisons dotées sera réduit à quatre cents, de quarante à cinquante religieux chacune. On n’y recevra pas de novices avant la majorité légale, dix-huit ans pour les femmes, et vingt et un ans pour les hommes. Lesvæux ne seront admis qu'à vingt et un et vingt-cinq ans. Encore le mieux serait de ne pas les reconnaitre perpétuels, de les restreindre à huit ans, comme les engagements militaires (1).

Quant aux ordres mendiants, « qui vivent dans la crapule et dans la fainéantise, qui se nourrissent aux dépens des peuples, sur lesquels ils lèvent, en quêtes, aumôünes d'argent ou de fruits, près de 14 millions d'impôts directs » (2), ils ne sont, dit l’auteur, « d'aucune utilité. » Cependant, il ne demande pas qu’on les supprime, mais qu'on réduise leurs 1,500 maisons à 290, de 20 à 30 membres chacune. Les couvents supprimés seront vendus; une partie de leurs biens servira à l'entretien des maisons conservées; avec le reste on établira des bureaux de charité, on procurera du travail aux pauvres, on améliorera les hôpitaux qui sont dans une misère horrible.— La Trappe et les Sept-Fonds, qui forment une catégorie à part des Ordres mendiants et des rentés, pourront être conservés, «à la condition d'y réformer l'abus du despotisme des supérieurs, pour servir de refuge aux âmes souillées par le crime (3). »

Les moines sont « des animaux amphibies qui dévorent tout et ne sont bons qu'à affamer ; » si l’on n’y mettait bon

(1) Page 42.

(2) Page 13.

(3) Page 50.